seulement qu’au moment du vote il y avait, outre M. Thuillier, conseiller d’État en service extraordinaire, quatre membres présents. L’un d’eux était M. Flandin, l’un des membres les plus bienveillants et les plus sympathiques du Conseil, qui, je crois, avait été franc-maçon sous la Restauration, comme M. Boinvilliers et comme beaucoup d’autres avocats de la même époque. M. Bréhier, excellent homme, qui devait sa situation de conseiller d’État à son titre d’ancien précepteur du prince Louis-Napoléon, avait entendu mon rapport ; mais il s’était éclipsé pendant le discours de M. Thuillier. Il me dit le lendemain, en aspirant gaiement sa prise de tabac : « Quand j’ai vu que Thuillier le prenait sur ce ton-là, j’ai filé ! »
En définitive je fus, ainsi que je m’y attendais, seul à voter contre le projet.
D’après les habitudes du Conseil d’État, quand le rapporteur est battu en section, il n’en garde pas moins le dossier et il présente le rapport à l’Assemblée générale. On s’en remet à sa loyauté pour exposer les motifs qui ont décidé le vote. D’ailleurs, les membres de la majorité sont là pour défendre au besoin leur avis. Dans les affaires administratives ordinaires qui ne soulèvent pas de questions de principes, mais seulement des appréciations de fait, il est rare que le rapporteur fasse même allusion à son opinion personnelle. Toutefois il conserve