Page:Marbeau Le charme de l histoire 1902.djvu/293

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
287
la rochefoucauld et la comtesse diane

commencé sa vie dans les camps et qui la finissait dans une Cour, le plus naturel et le plus répandu parmi cette société de grands seigneurs qui tous appartenaient à l’armée, et qui considéraient comme le privilège de leur caste de ne devoir au roi que le sacrifice de leur sang.

Notre siècle a d’autres idées et d’autres mœurs ; aussi voyons-nous chez la Comtesse Diane des préoccupations très différentes. Ce qui l’intéresse par dessus tout, c’est la force d’âme ; pour elle, le courage, c’est cet empire sur soi-même qui fait l’honneur de l’homme dans toutes les difficultés de la vie[1] ; qui l’élève au-dessus des petitesses et des lâchetés mondaines[2] ; qui lui permet de lutter contre la douleur et contre les coups de la destinée aussi bien que contre le péril[3] ; qui le soutient par la résignation et par la fierté quand le malheur est accompli[4], et qui lui inspire, s’il le faut, le sacrifice sous toutes ses formes, y compris le sacri-

  1. « Il faut toujours être brave pour faire ce qu’on veut » (Maximes de la vie, p. 56 ; voir aussi p. 119).
  2. « Il y a autant de lâcheté à condamner un absent que de courage à formuler un reproche en face ; mais la lâcheté est si générale qu’il est d’usage de ne cacher son mépris qu’à celui qui l’inspire » (Maximes de la vie, p. 35).
  3. « Pour supporter la vie, il faut du courage ou des illusions » (Glanes de la vie, p. 126) ; « li faut un grand courage pour porter sa peine tout seul » (id., p. 176).
  4. « L’homme se console de bien des douleurs ; le courage commence l’œuvre, l’habitude la continue, le temps l’achève » (Maximes de la vie, page 200).