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le charme de l’histoire

l’ivresse, la lassitude à la possession (417) ; il met en relief, dans quelque phrase mordante, les points par où l’amour se rapproche de la galanterie : « On a bien de la peine à rompre quand on ne s’aime plus[1] » (351). Ou bien il raille les petites faiblesses des amants : « Ce qui fait que les amants et les maîtresses ne s’ennuient point d’être ensemble, c’est qu’ils parlent toujours d’eux-mêmes » (312). Hélas ! « L’amour sincère ne sait parler que de soi » (Glanes de la vie, p. 132). fais quand chacun des deux amants est las d’entendre l’autre parler de soi, les amants cessent de se rechercher et bientôt de s’aimer. — Il décrit en termes amers l’égoïsme de l’amour : « Si on croit aimer sa maîtresse pour l’amour d’elle, on est bien trompe " (374). — « Si on juge de l’amour par la plupart de ses effets, il ressemble plus à la haine qu’à l’amitié » (72). — « Plus on aime une maîtresse, et plus on est prêt de la haïr » (111). — « Nous sommes plus près d’aimer ceux qui nous haïssent que ceux qui nous aiment plus que nous ne voulons » (321).

Tout cela peut être vrai de l’amour comme de la galanterie ; mais dans l’amour n’y a-t-il que cela ? Pourquoi, sauf dans cette délicieuse pensée : « On

  1. Cette maxime est charmante et vraie ; mais comme le sentiment qui l’a inspirée est loin de celui qui a dicté à la Comtesse Diane la réponse à cette question : « Qu’y a-t-il de plus difficile à dire ? » : « Je ne vous aime plus. » (Livre d’or).