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la rochefoucauld et la comtesse diane

son témoignage n’en est que plus précieux, car, ainsi que le dit la Comtesse Diane, « le vrai est dans l’involontaire » (167). En nous attachant principalement à faire ressortir ce côté de leur œuvre, nous savions que nous courions un danger : celui de mettre en relief leurs défauts et leurs lacunes plutôt que leurs qualités, car c’est par ses faiblesses surtout qu’un auteur est de son siècle. Mais nous avons pris pour objet de notre étude deux écrivains qui ne sont pas moins remarquables par l’excellence de la forme que par la finesse et la vérité des aperçus, et celles mêmes de leurs maximes qui décrivent des mœurs passagères ont, comme les autres, leur intérêt et leur valeur. Nous nous hâtons d’ajouter, d’ailleurs, que s’ils ont souvent dépeint ces traits accidentels qui sont le résultat de l’éducation ou de l’exemple et le signe particulier d’une époque ou d’une coterie, ils ont su retracer aussi ces mouvements éternels du cœur humain et ce caractère immuable de la race, que l’on retrouve, les uns chez tous les peuples de la terre, l’autre à toutes les époques de la vie d’une nation. Sous des formes variables et avec certaines nuances, au fond l’homme est toujours le même ; les mœurs, les préjugés diffèrent d’un siècle à l’autre ; les passions sont impérissables.

Faut-il tirer une conclusion de notre travail, porter un jugement sur les différences que la lec-