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le charme de l’histoire

Pendant que Cochin, guidé par son seul amour pour les pauvres, faisait cette expérience, d’autres personnes à Paris étaient préoccupées de la même question. M. de Gerando avait retrouvé en Angleterre les Infants schools, imitation heureuse des anciennes salles d’asile d’Oberlin et de Mme de Pastoret, et il avait formé un Comité pour étudier les moyens de ramener en France cette institution, d’origine française, qui réussissait si bien de l’autre côté de la Manche. La passion du bien, comme toute autre passion, amène à se rapprocher les hommes qui en sont également animés ; mais elle a ce mérite particulier que, du moins lorsqu’elle est sincère, elle ne les divise pas par des rivalités. Denys Cochin se mit en rapport avec le Comité de M. de Gerando et aussitôt il en devint l’âme. Il décida Mme Millet à aller en Angleterre étudier les Infants schools ; il y a alla lui-même, puis il organisa rue des Martyrs une véritable salle d’asile destinée surtout dans sa pensée à contrôler par l’expérience les procédés Anglais, à les approprier aux habitudes de la population Française, et à prouver que l’institution était susceptible de vivre en France.

L’expérience faite, il présenta au Préfet de la Seine le plan d’un établissement primaire complet, où la salle d’asile avait sa place à côté de l’école ; c’était ce que l’on appelle aujourd’hui un Groupe