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dans la même voie, a complété la Salle d’asile en fondant la Crèche. Comme Denys Cochin, Firmin Marbeau avait de bonne heure quitté les travaux du jurisconsulte pour se livrer à l’étude de l’économie sociale et pour se consacrer à l’amélioration du sort des classes souffrantes ; comme lui il s’attacha à « substituer le travail à l’aumône »[1], et il porta ses principaux efforts sur l’enfance, afin de conserver à la patrie des citoyens robustes, honnêtes et religieux. Son œuvre eut le sort de toute chose nouvelle : il vit les crèches accueillies avec faveur tant que les éloges qu’on leur adressait pouvaient paraître la critique de ce qui existait avant elles, puis combattues avec animosité aussitôt qu’elles menacèrent de devenir à leur tour une des institutions du pays. Il dut soutenir de longues luttes pour prouver qu’en donnant à l’ouvrière qui vit de son travail le moyen de ne pas envoyer son enfant en nourrice, la crèche ne brise pas le lien maternel ; qu’en soignant l’enfant pendant toute la journée elle ne compromet pas sa santé. Firmin Marbeau réussit, comme Denys Cochin, à transformer une œuvre précaire et isolée en une institution durable, et il réussit par les mêmes qualités : l’esprit d’organisation qui sait prévoir, la persévérance infatigable que ne rebute aucune épreuve, le déta-

  1. Des Crèches, ouvrage couronné par l’Académie française.