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le charme de l’histoire

Chemin faisant, M. Vachez rappelle toute une série de faits connus, mais curieux, qui jettent un jour intéressant sur les usages et les mœurs de nos père.

L’indemnité n’était pas la même pour tous les députés ; il devait en être ainsi dans des temps où tout était privilège, inégalité. Elle différait suivant les ordres, et, dans chaque ordre, elle variait avec le rang de l’élu. Aux États-Généraux de 1576, l’indemnité allouée aux députés du clergé s’élevait à 20 livres pour un évêque, à 25 livres pour un archevêque ; elle descendait à 8 ou 9 livres par jour pour les simples prêtres. En 1188, les députés du Tiers recevaient 7 livres 10 sous s’ils représentaient un siège royal, 6 livres seulement s’ils étaient délégués par le « plat pays », c’est-à-dire par les campagnes. Quant aux élus de la ville où siégeaient les États, comme ils n’avaient pas à se déplacer, ils devaient se contenter de 4 livres 10 sous.

L’indemnité n’était pas à la charge de ce que nous appelons aujourd’hui l’État, c’est-à-dire la généralité des contribuables. Elle n’était pas non plus supportée exclusivement par le Tiers-État, comme on l’a souvent prétendu. Chaque collège payait directement ses représentants. Ainsi les clercs et les nobles étaient soumis à une taxe spéciale. Cela leur sembla choquant : il était admis alors que tout impôt devait peser exclusivement sur