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licence de leurs écrits. On s’amusait de leur esprit, mais après avoir ri d’un libelle ou d’une chanson, on se moquait de l’auteur si l’on apprenait qu’il en avait été payé par une bastonnade au coin d’une rue, ou puni par une mercuriale à l’audience. La punition était quelquefois plus sévère ; J.-B. Rousseau et Voltaire eux-mêmes pouvaient témoigner que la Bastille ou l’exil attendait l’écrivain assez téméraire pour s’attaquer à un personnage bien en cour, ou à un abus trop utile. Dubuisson se plaint pourtant de l’insuffisance de la répression et de l’impuissance de la censure. « Que n’imprime-t-on pas à présent ? « Jamais il n’y a eu tant de liberté à cet égard, ou plutôt jamais les imprimeurs n’ont été si hardis à enfreindre les Déclarations du Roi qui les gênent, ni la police si négligente à les faire exécuter ! Il n’est plus d’impiété, d’injure, ni de production licencieuse qui ne soit rendue publique par le secours de l’impression ; … c’est un excès qui mériterait d’être réprimé. »

Un autre jour, il remarque que si les écrits qui offensent les mœurs ou qui diffament les personnes se multiplient, c’est parce que « les auteurs espèrent être lus, ou payés. » Hélas ! il en est ainsi à toutes les époques où le public accueille ces sortes d’écrits ; mais dès lors n’est-ce pas aux lecteurs que Dubuisson aurait dû s’en prendre ?

Déjà à cette époque on croyait à l’efficacité des