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dufort de cheverny

voyage de la Cour. Chacun était logé là, dans de petites maisons, avec des porte-cochères, des escaliers étroits et le reste à l’avenant ; tout dut pourtant se passer avec le même cérémonial que dans un palais. La visite reçue, le prince dut la rendre. Je montai avec lui et Dumonan, son gentilhomme, dans sa voiture, qui avait l’air d’un carrosse de remise et était tout en cuir. Le prince me dit en chemin que if. de Kaunitz le portait bien haut, qu’il savait l’étiquette comme lui, et se mit à chicaner sur un pas de plus ou de moins… Nous arrivons ; la visite se passe à merveille, la reconduite de même. L’ambassadeur doit descendre jusqu’au bas de l’escalier et voir partir le prince, comme le prince l’avait fait pour lui. La voiture avance difficilement sous la porte ; les rosses qui la conduisent serrent le bas de l’escalier ; tout cela prend cinq minutes. Le prince monte pesamment ; je monte après lui et me mets à côté ; Dumonan de même sur le devant. M. de Kaunitz comptant la chose finie, remonte l’escalier avec son cortège ; mais les chevaux résistent, et voilà le prince sortant à mi-corps de sa voiture qui crie : « Monsieur l’Ambassadeur, ce n’est pas là votre place et vous devez me voir partir. » — L’ambassadeur fait volte-face sans dire un mot, et revient à son poste. Enfin la voiture roule et nous partons. Voilà le Comte de Charolais qui me prend