Page:Marbeuf - Recueil de Vers, 1897.djvu/194

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SONNET.


Ô Nuit pour mes ennuis tant ſeulement feconde,
Pourquoy n’aportez-vous la fin à mes trauaux ?
Serez-vous plus qu’à moy fauorable aux cheuaux ?
Repos, ſeray-ie ſeul ſans repos en ce monde ?

Sommeil, dans les longueurs de cette nuit profonde,
Pourquoy réueillés-vous mon amour & mes maux ?
Quand vous flattez les yeux de tous les animaux,
Aux peines que ie ſouffre aucun ne me feconde.

Sommeil, retirez-vous, vous nuiſez à mes veux,
Le froid de vos pauots aſſoupiroit mes feux :
Allez ſommeil, allez, laifſez venir l’aurore.

Car puiſque les proces m’ocupent tout le iour,
Si cependant la nuit ie repoſois encore,
Ie n’aurois point de temps pour penſer à l’amour.