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sabine

unique fortune un grand vase scellé à la cire, un vase sans valeur, si l’on considère l’objet sans le contenu, et d’une réelle valeur, si l’on s’arrête à ce qu’il renferme.

— Voyez-vous ça ? s’exclama le pasteur ouvrant des yeux gloutons.

— Ma tante, continua Sabine, imperturbable, professait pour sainte Gudule un culte exagéré. Elle la préférait à sainte Geneviève et à sainte Brigitte.

— C’était un tort, reprit le curé voulant accentuer sa tenue d’un léger blâme. Oui, c’était un tort ; car sainte Gudule est une sainte de Belgique, et sainte Geneviève et sainte Brigitte sont des saintes gauloises.

— Oh ! très gauloises, en effet, murmura Mme Raimbaut, sans que le curé soupçonnât un seul instant le sens qu’elle attachait au mot gaulois ; mais que voulez-vous ? ma tante n’avait pas l’esprit de clocher.

— On fait son salut sans cela, interrompit le curé, redevenu bon enfant.

— Bref, ma tante Perpétue, — car elle s’appelait Perpétue, — ma tante Perpétue alla à Bruxelles avant de mourir, et en rapporta, je vous le donne en cent, je vous le donne en mille…

— Je crois deviner, dit le curé tout ému.

— Elle en rapporta l’os du métacarpe de sainte Gudule.

Le curé regarda deux fois Mme Raimbaut qui reçut sans broncher ce fulminate de regard.