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Page:Marc de Montifaud Sabine 1882.djvu/166

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sabine

ne perd pas son temps, au moins, celle-là, pendant qu’elle est en paradis. C’n’est pas comme les autres, ses camarades. Tas de fichus paresseux ! vous n’avez pas honte de vous laisser ainsi passer sous le nez, en popularité, par une femme ? Pas un qui soigne ses élections, là-haut, pas un ; faut que ça soit une fille qui leur dame le pion !

— Voyons, Jonquille, vous manquez de respect à notre bon curé, observa Mme Raimbaut impassible.

Laudate, pueri, Dominum ! glapit le rapin en exécutant la roue autour de la sacristie, pendant que ses pieds menaçaient le nez du curé.

— Jonquille ! ordonna Mme Raimbaut, qui n’en pouvait plus.

— Il est fou ; la joie de sa guérison l’a rendu fou, ajouta Annette.

— Laissez-le, interrompit le curé, laissez-le ; je ne déteste pas l’explosion de sa joie naïve ; qu’importe comment elle se manifeste, puisqu’elle est sincère ? David a dansé devant l’arche.

— Madame, reprit la domestique, je vais annoncer la nouvelle, et ceux qui nous jettent la pierre seront joliment attrapés du miracle qui leur pend au nez.

Jonquille avait renoncé à ses tours d’acrobate pour remettre son soulier et ses linges.

— Du tout, fit-il avec autorité, c’est moi qu’ça regarde ; c’est moi l’chéri, le trognon de sainte Gudule, c’est moi qui me charge de proclamer la chose ; c’n’est pas votre affaire.