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sabine

rouge de Dumangoin accomplissait son évolution au-dessous de la signature d’Alfred le Petit, on pouvait constater quelle importance présentait la trouée du caricaturiste et quelle ivresse sourde elle causait à ceux qui se sentaient d’avance peser aux épaules la tyrannie du Manitou.

Vers minuit et demi, la porte de la chambre, brusquement poussée, donna entrée à la personne de M. Dumangoin, suivi d’un bonhomme au profil alsacien, laid comme toutes les figures d’accompagnement, rappelant le type du frotteur à s’y méprendre.

— François n’est pas encore rentré ? la couverture n’est pas faite ? que se passe-t-il donc ? remarqua Dumangoin, d’un ton de mauvaise humeur marquée. Savez-vous quelque chose, Krumler ? Dites, oui ou non, savez-vous quelque chose ? Si vous ne savez rien ce n’est pas la peine de parler.

— Il me semble que je ne parle pas non plus, se contenta de répondre celui que l’on interpellait.

— Il est vrai d’ajouter qu’on ne devrait vous adresser la parole que lorsque vous êtes encore à jeun, riposta aussitôt Dumangoin.

— Je vous remercie, vous êtes trop bon, — comme toujours, reprit l’homme à figure de frotteur en s’allongeant sans façon dans un fauteuil.

— Ah çà, est-ce que vous allez dormir ?

— Tiens, si je voulais, ne suis-je pas autant le maître que vous chez Barras ?

— À votre aise, digérez votre choucroute et votre bière.