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sabine

— Le rêve de Bonaparte, après l’échec de Brienne, soupira le dictateur. En suis-je donc arrivé à pareille extrémité ?

Il se rapprocha de son secrétaire.

— Un coup de maître ! un seul ! indiques-en un seul pour sauver ma popularité, s’écria-t-il, s’oubliant jusqu’à le tutoyer.

La porte s’ouvrit avant que le jeune homme ait pu répondre.

— M. Carlamasse ! jeta la voix du valet de chambre, qui se retira non sans dépit après l’entrée du fonctionnaire.

— Eh bien, Monsieur le préfet, il s’en passe de belles à Charonne ! s’exclama le dictateur, d’un accent et d’un geste furieux, tandis qu’un coup d’œil d’Armengaud le rappelait au calme.

Le préfet se courba en deux.

— Que voulez-vous, Monsieur le président ? Mon entrée en fonctions est encore si récente, que je n’ai rien pu empêcher. Aussi quand j’ai su la vérité ce soir par mes agents, j’ai préféré me rendre tout droit ici.

— Mais enfin, pourquoi vos hommes n’ont-ils pas pris la place des interpellateurs, bondé la salle et mis dehors les énergumènes ?

— S’il faut vous dire la vérité, nous manquions d’agents à poigne. J’ai trouvé le service dans un désarroi dont mon honorable prédécesseur, Alézieux, n’avait certes pas sondé le danger.

— Voyons, interrompit Armengaud, pendant que