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sabine

— Reste, reste ! suppliait-il. Ne t’en va pas, puisqu’il dort !

Mais maintenant se dessinaient dans cette tendresse des contournements de crainte ; lui, devinait qu’elle avait hâte d’en finir ; que, malgré son apparente insouciance, elle éprouvait un mouvement de terreur indicible.

Il se fâcha. Allait-elle l’aimer de cet amour bête de châtelaine pour un page favori ? de cet amour demi-sel… de cet amour qui n’en est pas un ?…

— De quoi donc te plaindre ? À qui en as-tu ? ajoutait-il. Hier, tu voulais de moi à quatre pas de lui, c’est moi qui restais prudent, maintenant tu souhaiterais m’éloigner. Est-ce que ça va durer, à la fin ?

— Eh ! je ne dis pas cela, murmura-t-elle en accompagnant ses paroles d’un vif haussement d’épaules, par une excellente raison, c’est, que personne n’aurait assez de vertu pour admettre la mienne, et qu’en conséquence, on aura toujours assez d’intelligence pour profiter de mes vices.

Elle éclata de rire nerveusement.

— Appelles-tu vice, à présent, ne pas consentir à vaincre l’amour, l’enthousiasme et les sens ?

Et comme elle se taisait, il s’arrêta l’œil hagard à la contempler, et, dans un effort de douleur, il s’écria :

— Ah ! tu ne me répondrais pas seulement : — Arrangeons tout pour le pire, mais aimons !

— Des reproches ? répliqua-t-elle subitement, avec un revirement de gaminerie imprévu et un avancement de ses lèvres qu’elle lui présentait