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sabine

— Bientôt midi et demi. Allons… si je n’avais si solennellement promis…

Justin reparut au moment où Henri tâtait son gousset. Il essaya de nouveau d’avaler quelques bouchées.

— Ma parole, on croirait qu’il me surveille ! se dit-il.

Et il mangea encore, comme s’il eût été sous les yeux d’un garde-chiourme.

— Il doit bien être maintenant une heure moins un quart, songeait Duvicquet. Il faut que j’éloigne cet homme à tout prix.

Alors, se levant vivement, il jeta sa serviette et affecta de fouiller les poches de son veston.

— Monsieur ne désire donc pas de café ? demanda le domestique en s’approchant curieusement.

— Eh non ! c’est inutile ! Je ne veux pas faire attendre ces braves gens trop longtemps… Ah ! un instant. Justin ?

— Monsieur.

— Allez donc me chercher mon paletot marron, celui que j’avais hier. J’y ai laissé mon carnet de cotes.

— Pardon, monsieur, le carnet de cotes est sur le bureau de monsieur. J’ai vidé les poches de monsieur ce matin, et j’ai placé là le carnet moi-même.

— Retournez le prendre, je vous prie, et apportez-le-moi.

Cet ordre fut donné d’un accent si ferme que Justin dut sortir, non sans jeter un coup d’œil de côté.