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sabine

une chatte, la jeune femme ne fut pas effrayée ; elle grimpa presque en riant le long du corps de son sauveur, et se tint debout sur son épaule.

Ourani meh bul men, nek ! Je suis folle de toi ! balbutiait-elle de son mélodieux accent.

La position s’accusait si critique que Duvicquet, quelque exalté qu’il fût, à l’aveu de cette jolie créature, ne pouvait s’empêcher de trouver la moindre parole oisive en ce moment. Mais, soit qu’Arroukba eût prononcé cette phrase pour attirer une réponse, elle semblait si confuse de son silence, que Duvicquet dut faire une pause et lui donner un baiser qui, cette fois, ne laissa à la belle aucune incertitude.

Cette pause entraîna la perte de trois minutes. Or, au moment où Arroukba, à cheval en haut de la muraille, se retournait pour prendre du champ et sauter, Duvicquet eut la perception d’un signal donné. Une seule chance de salut se révéla aussitôt à sa pensée. Voyant de loin un arbre auprès d’un petit pavillon soutenu par des piliers en bois, il reconnut que le toit lui ménageait une base pour s’élancer au faîte de cette muraille. En quelques secondes, il atteignit le sommet de la légère construction, bondit à son tour sur le mur, de l’extrémité duquel il se laissa couler à terre de l’autre côté.

Arroukba l’accueillit par un cri étouffé et ils se mirent l’un et l’autre à courir. Mais au bout de quarante pas, ils reconnurent qu’on les poursuivait. Une porte ménagée dans l’enceinte qu’ils venaient d’escalader, livrait passage à cinq ou six émis-