avait qu’à lui donner le fouet et à l’envoyer coucher !
Sabine le regarda d’un air de suprême dédain, toujours à cheval sur sa chaise.
— Oh ! je vous en prie, mon tuteur, pas de scène inutile.
Et se tournant vers Renée :
— Nous disions donc que j’épouse ton préfet, ton adjoint, ton conseiller, ton maire ou ton fonctionnaire ; car tu n’es pas venue pour autre chose, n’est-ce pas ?
— Soit.
— Écoute, tâche qu’il ne chante pas de romances, qu’il ne me débite pas de tirades pour me dire que je manquais à sa vie ; qu’il se contente d’être un monsieur ayant du linge blanc et des mains propres…
— Et tu diras oui, enfin ? demanda le peintre.
— Et je l’épouserai, mon Dieu ! poursuivit-elle en se levant, puisqu’en me mariant à un bourgeois vous croyez faire mon bonheur.
— Dame ! c’est assez naturel, puisque avec mes idées, qui sont anti-bourgeoises, je n’ai pas réussi à faire le tien.
— Mais enfin, quelle objection as-tu encore à soulever contre M. Raimbaut ? demanda Renée.
— Une seule : quand on est née parmi les bourgeois bourgeoisants, on se marie dans cette catégorie ; et quand on a été élevée comme moi à les mépriser et à cracher dessus depuis son enfance…