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sabine

— Sacrebleu ! comment faut-il m’y prendre pour te le prouver ?

— On ajoute que la société ne contiendra pas assez de fous pour se jeter à ma tête. Les uns assurent que j’ai un rude aplomb, — car de maison en maison il s’est formé une légende à mon sujet ; — les autres, qu’on violera tout en moi, parce que je n’ai pas de cœur. Dites donc, est-ce que j’ai un cœur ?…

— Si tu n’en es pas sûre, ma chère, je n’ose répondre pour l’affirmative.

— Virilement dirigée par vous, si j’ai deviné le mal, ç’a été afin de l’éviter ; si je parle en jeune fille instruite de ce qu’on est convenu d’ignorer, je ne fais pas l’hypocrite. — Suis-je énergique ? je le crois. — Fantasque ? je le sais. — Coquette ? je l’ignore. — Aimable ? je n’ose le croire. — Ô mon tuteur ! dites-moi seulement si vous me trouvez belle ? Je souhaiterais tant être belle !

Et la jeune fille enfonça sa tête pâle et fine dans la vareuse de Duvicquet, dont la poitrine sursauta.

— Sabine, Sabine, ma chère petite folle ! Sabine, tu prends toutes les immunités. Ah ! vous voulez savoir si vous êtes belle ? Et c’est à moi que vous le demandez ? — Si vous êtes belle, avec cette tête dont je n’ai jamais pu tordre la chevelure ? — Si vous êtes belle, mon adorée ? — Voyez-vous la rusée ! c’est pour en arriver là qu’elle se plante sur mes genoux depuis une heure ! Non, mademoiselle, vous n’êtes pas belle — pardieu non ! vous êtes laide,