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Page:Marcel Proust - Chroniques, éd. 1936.djvu/137

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UN CONTE DE NOËL
LES PETITS SOULIERS

par M. Louis Ganderax
(Revue des Deux-Mondes du 1er janvier 1892)

La plus douce peut-être de ces fleurs du sentiment que la réflexion flétrit bien vite est ce qu’on pourrait appeler l’espérance mystique en l’avenir. L’amant malheureux qui, rebuté aujourd’hui comme il l’était hier, espère que demain celle qu’il aime, et qui ne l’aime pas, se mettra tout d’un coup à l’aimer ; — celui, dont les forces n’égalant pas le devoir qu’il lui faudrait remplir, se dit : « Demain, j’aurai comme par quelque enchantement cette volonté qui me manque ; — tous ceux enfin qui, les yeux levés vers l’Orient, attendent qu’une clarté soudaine, en laquelle ils ont foi, vienne illuminer leur ciel mélancolique, tous ceux-là mettent en l’avenir une espérance mystique en ce sens qu’elle est l’œuvre de leur seul désir et qu’aucune prévision du raisonnement ne la justifie.