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VIII
MARCEL SCHWOB

le souvenir : l’un d’eux avait suivi Joinville outre-mer, paré un coup de sabre porté au sénéchal de saint Louis, suivant une tradition de famille.

Ces Cahun, que nous retrouvons en Alsace, étaient des Juifs lettrés et amis de la France. Anselme, l’aïeul, enseignait le français aux enfants de la communauté d’Hochfelden. Il émigra à Paris et fit élever ses enfants au lycée Saint-Louis. L’un d’eux sera Léon Cahun, l’orientaliste, bibliothécaire à la Bibliothèque Mazarine, le frère de la mère de Marcel Schwob, elle-même une remarquable institutrice.

Marcel Schwob trouva donc à son berceau la tradition juive et le culte des lettres françaises.

Il passa sa petite enfance à Nantes où son père avait acquis de la famille Mangin le “Phare de la Loire”. Ce fut un enfant d’une étonnante précocité, fort bien élevé par les siens, éduqué par des précepteurs allemands et des institutrices anglaises. Dès ses premières années, il parla couramment l’allemand et l’anglais. Il fit ses premières études au collège de Nantes, où les palmarès attestent les dons très divers du petit Marcel.

C’est un enfant charmant, exubérant alors, grand lecteur des nouvelles d’Edgar Poe, un livre que lui a donné un capitaine anglais et qu’il lit dans une édition populaire. Il a déjà le goût de l’aventure, et il se passionne pour l’exploit du capitaine anglais, qui vient de traverser la Manche à la nage ; il écrit à Jules Verne, qui peut bien être, en ce temps-là, son dieu. Il est sensible à la musique, et il fait l’étonnement de son professeur de sixième en dévorant la Grammaire comparée de Brachet.

En 1882, Marcel Schwob devait passer au Collège