Page:Marcel Schwob - Œuvres complètes. Écrits de jeunesse.djvu/105

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vint pousser ses trois cris sur la place. Des chiens aboyèrent — et près des édifices sombres, le long des murs se glissaient des ombres furtives. La police de l’empereur fonctionnait ; les mouchards faisaient leur service — et au loin, sur les grandes dalles, les pas cadencés de la patrouille impériale résonnaient sourdement.

Des fanaux la précédaient. Arrivé sur la place, le chef commanda : “Sta !” et demi-tour. Les porteurs de torches éclairèrent le long des murs. Le gardien du temple sortit. [Rien ne s’était passé ce soir-là.]

Alors la patrouille reprit sa marche. L’obscurité régnait de nouveau. On entendait au loin des pas sourds et cadencés, les soldats s’en allaient. Et, au milieu du silence de la ville, un coq chanta dans la campagne.

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Sur la route poudreuse, le long des sentiers ombreux, Poupa courait toujours, Strenou après elle, la robe serrée entre les jambes pour sauter les haies. Dans les prairies vertes, les mouches faisaient des rondes folles au-dessus des mares et les grenouilles coassaient dans le silence de la campagne. Comme c’était bon de courir ! Strenou le pensait aussi ; il remuait la queue et se passait la langue sur les lèvres. Mais Strenou était un sournois. Il pinçait sans doute quelque râle dans une haie, en passant à travers, pendant que Poupa courait en avant. Elle était gentille avec son chapeau de paille rejeté en arrière et son fichu de paysanne sur les épaules ! Et Roufou la trouvait bien à son goût.

Il la guettait entre les branches quand elle devait venir ; il lui taillait des sifflets dans du bois de sureau.