Page:Marcel Schwob - Œuvres complètes. Écrits de jeunesse.djvu/143

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sur lequel nous reviendrons plus tard : les Sept contre Thèbes sont la pièce préférée d’Aristophane (18).

Dindorf a été tellement frappé de la perfection d’équilibre de ce drame que la plupart de ses corrections, de ses rejets, ont pour explication la symétrie primitive.

La tragédie des Perses, non moins que celle d’Agamemnon, a soulevé des critiques sur la longueur de l’exposition. Le point de vue auquel on se plaçait pour juger ces deux pièces devait nécessairement amener un tel résultat. Quoiqu’on en puisse dire, les Perses et l’Agamemnon sont des tragédies simples, auxquelles on ne peut pas, sans une faute évidente de goût, appliquer les règles des tragédies de Sophocle et d’Euripide. Il n’y a point d’exposition à proprement parler dans les Perses, ou plutôt le fond de la pièce est son exposition. L’attente du peuple perse et sa déception — voilà le contraste symétrique du drame. Si l’une de ces deux parties était écourtée, l’équilibre serait détruit. La chute de la pièce se produit sur le retour de Xerxès. L’arrivée de Xerxès elle-même trouve son contre-poids dans l’apparition de l’ombre de Daréios.

La défaite de Marathon est ainsi mise en présence du désastre de Salamine ; l’une a préparé l’autre. Il ne faut donc nullement attribuer à une sombre vision d’Eschyle l’évocation du spectre de Daréios. Le poëte y a trouvé l’élément d’un contraste ; et en artiste consommé, il a magistralement bâti son drame. La symétrie des vers est continuelle dans les Perses. On peut dire que la moitié de cette tragédie est composée de plaintes rythmées (19). Le personnage d’Atossa unit les deux défaites des Perses ; elle a souffert de Marathon comme femme de Daréios ;