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XIII
PRÉFACE

classe définitivement aux côtés de Maurice Barrès, de Jules Renard, de Maeterlinck, parmi les hommes nouveaux.

Mais Marcel Schwob se console aussi ; il reprend ses travaux, revient aux études grecques qui lui inspirent un délicieux petit chef-d’œuvre, Mimes, imité d’Hérondas (1894). Il est en ce temps-là un habitué de la maison du “Mercure de France” où Vallette l’accueille, car il fut parmi les fondateurs de la Revue. Il donne au Théâtre de l’Œuvre une conférence sur Anabella et Griovanni de John Ford ; il commente le Peer Gynt d’Ibsen. Jarry lui dédie son Ubu Roi.

C’est vers ce temps que la vie de Marcel Schwob, qui ne pouvait connaître que des sentiments extrêmes, fut traversée par l’amour qu’il ressentit pour Mlle Marguerite Moreno, qui devait devenir plus tard sa femme. Mais peu de temps après une période merveilleuse de bonheur et d’exaltation, Marcel Schwob, à vingt-huit ans, devient, à la suite d’une grave opération, un grand blessé qui survit au brillant succès de ses débuts.

Il change beaucoup. Le petit homme plein de vie et d’idées, rond et replet, est tout amaigri et fiévreux. Il sera désormais entre les mains des chirurgiens. Toute promenade lui est interdite. Il rase ses moustaches. Ses yeux brillent sous la fièvre ; il meurt et il ressuscite ; il va devenir le Marcel Schwob de sa légende.

Son travail, orienté vers l’imaginatfon, change de caractère. Marcel Schwob s’enferme aux Archives, à la Bibliothèque Nationale, ou bien il demeure parmi ses livres. Il commence son cycle historique.

Marcel Schwob débute comme traducteur en