Page:Marcel Schwob - Œuvres complètes. Écrits de jeunesse.djvu/182

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l’eut-il adoptée et popularisée en Allemagne que Kant la connut familièrement dans ses détails. Il la considérait non seulement comme un grand pas fait dans la médecine, mais même dans l’intérêt général de l’homme, et s’imaginait y voir quelque chose d’analogue au processus que la nature humaine a suivi en des questions encore plus importantes, à savoir une ascension continue vers le plus complexe, puis un retour par les mêmes degrés d’ascension vers le simple et élémentaire. Les essais du docteur Beddoes pour produire artificiellement et pour guérir la phtisie pulmonaire et la méthode de Reich contre les fièvres firent sur lui une impression puissante qui toutefois s’effaça à mesure que ces nouveautés, particulièrement la dernière, commencèrent à perdre leur crédit. Quant à la découverte que fit le docteur Jenner de la vaccine, il y fut moins favorablement disposé ; il craignait de dangereuses conséquences qui suivraient l’absorption d’un miasme brutal par le sang humain ou au moins par la lymphe. Et en tout cas, il pensait que cette méthode en tant que garantie contre l’infection varioleuse, exigeait un temps d’épreuve bien plus long. Quelque erronées que fussent toutes ces vues, on éprouvait un plaisir infini à entendre la fertilité d’arguments et d’analogies qu’il apportait pour les soutenir. Un des sujets qui l’occupèrent vers la fin de sa vie fut la théorie et les phénomènes du galvanisme dont toutefois il ne se rendit jamais compte de façon satisfaisante. Le livre d’Augustin sur ce sujet fut peut-être le dernier qu’il lut ; un exemplaire porte encore en marges les notes que Kant y marqua au crayon sur ses doutes, ses interrogations et ses suggestions.