Aller au contenu

Page:Marcel Schwob - Œuvres complètes. Écrits de jeunesse.djvu/246

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il est tombé plus bas que l’Enfer, aux névroses
Où le cœur est cloué pantelant sur la croix ;
Son front qu’illuminait la couronne des rois
Pâlit sous le ciel noir des tristesses moroses.

Pensif, il voit toujours un sourire adoré
Lentement expirer sur Sa bouche vermeille,
Fruit défendu qui saigne, entr’ouvert, à la treille

Du Paradis où flotte un grand halo doré,
Et pleure amèrement sa jeunesse abattue
Aux pieds marmoréens de la froide statue.

21 Janvier 1888.

Le Vieux dit :

Oh, les longs soirs d’hiver près du feu qu’on tisonne,
Le vieux chien qui grisonne
Près de vous —
Le livre qu’on a lu, mais qu’on aime relire —
Le petit chat le tire
Sur vos genoux.

Sous la pluie, au dehors, le feuillage frissonne
Et le vieux chat ronronne
Près du feu,
Dans les charbons on voit des bouches vous sourire
Et puis des monstres rire
D’un rire hideux.

Au fond de son fauteuil on rêve, on s’abandonne
Et la bûche bourdonne
En brûlant —
Et l’on ferme les yeux — on ne sait plus que dire —
Doucement on soupire
En s’endormant.