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LES VIERGES

Filles des airs d’azur, c’est vierges qu’on nous nomme,
Aum ! mani padmé ! aum ! (murmuré très bas)
Nous n’avons jamais eu commerce avec un homme.
Aum ! mani padmé ! aum !
Pures, nous purifions, en dansant notre ronde,
Aum ! mani padmé ! aum !
Le feu qui nous éclaire, illuminant le monde !
Aum ! mani padmé ! aum !
Nous sommes toujours à ta garde,
Sur nos genoux.
Le crime à la face blafarde
Est loin de nous !
Nous chassons la pensée impure.
Vierges toujours,
Ton feu purifiant nous épure
Le long des jours.
Aujourd’hui nous versons des larmes
Sur Sundâri.
Et Harah, voyant nos alarmes,
Joyeux, a ri !
Parmi nous c’était la plus belle.
Née aux désirs,
Elle a quitté nos jeux, rebelle
À nos plaisirs.
Nous la verrons bientôt pleurante,
Mordant l’affront,
Revenir de sa course errante,
Courbant son front.
Elle ne pourra plus se mêler à nos danses,
Aum ! mani padmé ! aum ! (murmuré très bas)
Ni battre de ses pas le rhythme des cadences,
Aum ! mani padmé ! aum !
Car elle est devenue impure par sa fuite,