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J’ai trouvé que le Feu jaillit de même sorte.

LES VIERGES

Sous sa parole ardente un frisson nous parcourt,
Tout le long de nos reins jusqu’à la nuque il court.
Nous n’avons pas rêvé les plaisirs qu’elle chante,
Et cette volupté nouvelle nous enchante.
Nos corps sont blancs, nos seins polis,
Nos cheveux en diadème —
Mais parmi les dieux amollis,
Personne ne nous aime !

SUNDARI

Seigneur, j’ai donc voué mon corps pur au plaisir ;
J’ai senti les frissons langoureux le saisir,
Les spasmes de l’amour le tendre et le détendre,
Mon amant écarter mes cuisses à me fendre,

Avec une fureur amoureuse.

Tandis que je livrais, jouissant de l’apaiser,
Mes fesses, mes tétons, mon ventre à son baiser.
Dans nos épuisements jaillissait une flamme
Embrasant notre corps jusqu’aux confins de l’âme.

Tristement.

Seigneur, j’ai succombé dans cette tentation.

Mes plaisirs défendus ont eu leur punition.
J’éprouve dans mon sein un tressaillement vague,
La fièvre me saisit dans l’ombre où je divague ;
Au repos de la nuit je sens des hauts-le-cœur,
Malaises inconnus me plonger dans la peur.
Roi divin, roi qui boit le nectar et le sôme,
Répands sur ma douleur l’apaisement du baume !

LES VIERGES

Si cette volupté ne dure qu’un moment,
Pour nous laisser ensuite un terrible tourment,