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Page:Marcel Schwob - Œuvres complètes. Écrits de jeunesse.djvu/313

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sans mourir. M’étendre sur les prés verts — boire le soleil à pleine gorge — dormir vautré dans les bouses — quel rêve ! Humer la brume du matin dans la campagne — les vapeurs sortant de la vallée — à mi-colline — les clochettes des moutons qui tintent — l’odeur familière de la chaumière.

MÉPHISTOPHÉLÈS

T’y voici.

Les Pyrénées. Le soleil éclairant les pentes vertes et brunes d’une colline. Faust chemine sur le sentier. Une jeune basque tricotant, assise sur l’herbe.
FAUST

J’y suis. Arrière, démons, esprits diaboliques.
Je veux vivre et souffrir et pleurer et puis rire
Et trouver le bonheur au bout.

ANDREIA

D’où viens-tu ? Où vas-tu ?

FAUST

Je vais à la lumière. Je viens de la nuit.

ANDREIA

Que veux-tu dire, Français, je ne te comprends pas ?

FAUST

La jeunesse devant moi — la vieillesse derrière. Tu es jeune — tu es belle — aimons-nous.

ANDREIA

Ah mais, pas comme cela — Si vite, — je ne vous ai pas regardé.

FAUST

Viens — viens, — le bonheur est là. Nous aurons ici une chaumine — une petite chaumine ; j’irai chasser dans la montagne — le matin — et le jour nous nous aimerons ici, dans la liberté, dans la