Page:Marcel Schwob - Œuvres complètes. Écrits de jeunesse.djvu/320

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Marion couchée sur un canapé couvert de velours rouge sombre avec des draperies pendantes couleur orange. — Vêtue d’une chemise de soie noire serrée à la taille par une écharpe de crêpe crème, les cheveux noirs un peu défaits — la figure pâle — les pieds nonchalamment passés dans des mules brodées avec lesquelles elle joue, sortant son pied de la pantoufle et l’y remettant.

FAUST

Qu’avez-vous à me regarder ?

MARION

Tiens, je suis si heureuse que je m’endors. Viens te mettre à côté de moi.

FAUST

S’étendant près d’elle, lui baise les pieds, les genoux, les mains, les seins à travers la chemise. Connais-tu la croix de Malte ?

MARION

Non, qu’est-ce que c’est, dis ?

FAUST

Sans répondre, lui baise le front, les deux yeux, le nez, la bouche, les deux joues, et le menton. Pris d’un tremblement nerveux, il reste étendu sans parler. Marion le baise longuement sur la bouche, lui mordillant les lèvres doucement de ses dents blanches et fines, passant le bout de sa langue rouge entre les lèvres de Faust.

Faust, la serrant transporté dans ses bras, la baise au cou et lui mordille l’oreille, prenant ses cheveux entre les lèvres.

Marion, songeant, étendue, secoue la tête d’un air triste, comme pour dire : non.

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