Page:Marcel Schwob - Œuvres complètes. Écrits de jeunesse.djvu/91

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que je te prenne. Ah ! voilà qui est fait. Houp, mon cavallo, en route. Comment t’appelles-tu, mel meo ? Poupoula ? han, c’est un joli nom. Comme tu as l’air fatigué, vitoulou meou ! Toute seule, comme ça, par les grands chemins ? Ho, je vois bien : tu ne veux pas tout dire. Et d’où viens-tu comme ça ? De près de Noursia ? et à pied ? Eh bien, tu dois être joliment fatiguée ! Moi, je m’en vais jusqu’à… Si tu veux, tu pourras venir avec moi. N’aie pas peur, vois-tu, je ne suis pas un méchant homme. Et tu pourrais sur la route trouver tant de mauvaises gens.

“Comme tu es mouillée, ma pauvre petite, comme tu es mouillée ! On jurerait que tu sors du Nar. Mais, dis-moi, d’où es-tu au juste ? Est-ce vraiment de près de Noursia ?

“Dis-moi, ma petite Poupa, je pense que tu dois être la petite fille du vieux Couprou. Vois-tu, le grand-père, je le connais bien : nous avons fait la guerre autrefois, nous deux ; nous avons été dans des endroits où l’eau des étangs est salée et les grains de raisin gros comme des noisettes. Oui, nous avons vu du pays. Et je t’assure que c’était dur de marcher sous le soleil, les piquets de tente sur le dos. Ton grand-père, Poupa, suait à grosses gouttes. Et sais-tu, on avait bien faim là-bas. Nous avions un bon acrocoliou…”

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Strenou avait chassé toute la journée. Souvent il partait le matin avant Roufou et il ne rentrait que le soir. Quand il revenait trop tard, il grattait à la porte et gémissait devant la maison. Alors Variou se levait en grommelant pour lui ouvrir. — Ce jour-là, Strenou s’était donné du bon temps à courir après