Page:Marcellin Pellet - Élysée Loustallot et les Révolutions de Paris, 1872.djvu/15

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la peine. Mais, pour s’en rapporter aux lois, il faut être sur de leur action, et le peuple savait qu’elles n’étaient inflexibles que pour lui. Ne calomnions pas le peuple. Il a été cruel un moment dans la vengeance ; mais on l’opprimait depuis des siècles avec barbarie. Dans une cause aussi importante, il ne faut pas juger d’après l’impression du moment : il faut tout voir et tout peser. C’est ce que nous avons tâché de faire avant de consigner nos pensées dans ce journal. Nous avons suivi tous les mouvements qui ont préparé la séance royale (23 juin) et ses effets. Nous avons vu de près les sensations que produisit à Versailles, le dimanche 12 juillet, le départ de M. Necker et des autres ministres estimés (MM. de Montmorin et de Puységur) ; nous avons vu ce jour-là la galerie de Versailles, d’où les députés des communes, qui y abondaient à pareils jours, s’étaient exilés. On n’y rencontrait que des gens en place, ou des hommes connus pour la part qu’ils prenaient à l’événement (le renvoi de Necker). Quelques observateurs y étudiaient les physionomies : sur les unes on lisait une joie franche ; sur les autres l’anxiété. Nous y entendîmes un député dire hautement, par allusion au renvoi de M. Necker, que le roi s’était purgé avec un gros grain d’émétique. Enfin, après avoir observé dans le château et jusque chez