Page:Marcellin Pellet - Élysée Loustallot et les Révolutions de Paris, 1872.djvu/285

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parole. « Malheureux ami de la Constitution, s’écria-t-il, va dans l’autre monde, puisque telle est ta destinée ! c’est la douleur du massacre de nos frères de Nancy qui a causé ta mort ; va leur dire qu’au nom seul de Bouillé le patriotisme frémit ; dis-leur que chez un peuple libre aucun crime ne reste impuni ; dis-leur que tôt ou tard ils seront vengés ! »

La société des Amis de la Constitution et celle de la Liberté de la Presse, pour rendre hommage au glorieux souvenir du mort, votèrent un deuil de trois séances. En province, l’émotion fut aussi des plus vives. Les républicains de Cherbourg écrivirent une adresse à Camille Desmoulins pour exprimer leurs patriotiques regrets. La société des Jacobins de Mauriac prit aussi le deuil ; son exemple fut imité de plusieurs autres villes. Peu de princes eurent autant d’éloges funèbres, d’aussi sincères surtout.

Mais c’est à Camille Desmoulins lui-même que revenait le triste honneur de recommander à la postérité celui qui avait été son compagnon de luttes. À la « société des Amis de la Constitution (Jacobins), » qu’ils avaient fondée ensemble, Camille prononça une touchante et magnifique oraison funèbre ; elle nous a été conservée[1].

  1. Révolutions de France et de Brabant, o 45.