Page:Marcellin Pellet - Élysée Loustallot et les Révolutions de Paris, 1872.djvu/290

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former à la liberté un peuple nouveau. Chez une nation heureuse, sa perte eût été sensible ; elle eût été douloureuse chez une nation opprimée ; mais chez une nation menacée de la servitude, sa perte est amère et cruelle. Chère patrie ! ce n’est donc pas assez qu’environnée d’ennemis implacables, tu sois menacée par les uns, déchirée par les autres, fallait-il encore que l’aspect de tes enfants égorgés fît mourir d’effroi l’un de tes plus zélés défenseurs !… Tant que le soleil éclairera la terre, les amis de la liberté se souviendront avec attendrissement de Loustallot ; leurs enfants béniront chaque jour sa mémoire, et son nom, inscrit dans les fastes glorieux de la Révolution, passera avec éloges jusqu’à nos derniers neveux. Ombre chérie et sacrée, si tu conserves encore quelque souvenir des choses de la vie dans le séjour des bienheureux, souffre qu’un frère d’armes que tu ne vis jamais arrose de ses pleurs ta dépouille mortelle, et jette quelques fleurs sur ta tombe[1]. »

Ces poétiques adieux sont encore plus touchants venant du terrible Marat. Mme Roland écrivait peu de jours après à un ami : « Loustallot est mort ; nous avons pleuré sa perte avec amertume[2]. »

  1. L’Ami du Peuple, no  228 (22 septembre 1790).
  2. Correspondance (lettre du 27 septembre 1790).