risquer sa popularité, mais il n’hésita pas, même à ce prix, à éclairer ses concitoyens.
« Supposera-t-on, dit-il, que la loi martiale soit un coup de despotisme, si les peuples les plus libres ont adapté à leur constitution ce même ressort, ou tout autre qui produisait le même effet ?
« À Athènes, la loi voulait que dans un mouvement populaire, tout citoyen prît parti pour ou contre ; c’était un moyen bien sûr d’armer sur-le-champ contre les séditieux des forces capables de les réduire ; le plus grand nombre dans un État étant toujours composé de ceux qui ont intérêt au maintien de l’ordre et de la tranquillité publique.
« Rome opposait aux séditieux l’activité terrible d’un dictateur magistrat qui était au-dessus des lois, qui pouvait se dispenser de toutes les formes et qui ne devait jamais compte de ses actions ; ou elle donnait à l’un des consuls un pouvoir presque aussi étendu, par une formule célèbre qui le chargeait de pourvoir au salut de l’État. On sent combien une magistrature qui réunissait tous les pouvoirs dans les mains d’un seul homme, qui l’investissait d’un despotisme qui n’avait d’autre frein que sa conscience, devait être plus contraire à la liberté que la loi martiale.
« Si les Anglais, chez qui l’on affecte de pren-