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CONVERSATION I.


INTRODUCTION.

Erreurs provenant de l’ignorance totale de l’économie politique. — Avantages qui résultent de la connaissance des principes de cette science. — Difficultés à surmonter dans cette étude.
MADAME B.

Nous jugeons si différemment le passage dont vous m’avez parlé ce matin, que je ne peux m’empêcher de soupçonner dans cette citation quelque inexactitude.

CAROLINE.

Permettez que je vous en fasse lecture. C’est immédiatement après le retour de Télémaque à Salente, quand il exprime son étonnement du changement qui s’est opéré depuis son départ de cette ville. « Est-il arrivé, dit-il, quelque calamité à Salente pendant mon absence ? D’où vient qu’on n’y remarque plus cette magnificence qui éclatait partout avant mon départ ? Je ne vois plus ni or, ni argent, ni pierres précieuses ; les habits sont simples ; les bâtiments qu’on fait sont moins vastes et moins ornés ; les arts languissent, la ville est devenue une solitude. — Mentor lui répondit en souriant : Avez-vous remarqué l’état de la campagne autour de la ville ? — Oui, reprit Télémaque ; j’ai vu partout le labourage en honneur et les champs défrichés. Lequel vaut mieux, ajouta Mentor, ou une ville superbe en marbre, en or et en argent, avec une campagne négligée et stérile, ou une campagne cultivée et fertile avec une ville médiocre et modeste dans ses mœurs ? Une grande ville fort peuplée d’artisans occupés à amollir les mœurs par les délices de la vie, quand elle est entourée d’un royaume pauvre et mal cultivé, ressemble à un monstre dont la tête est d’une grosseur énorme, et dont tout le corps exténué et privé de nourriture n’a aucune proportion avec cette tête. C’est le nombre du peuple, et l’a-