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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

ferme sont analogues à ceux qui résultent du prêt du capital. Nous avons vu que si un fermier, au lieu d’une rente, donnait tout le produit au propriétaire et ne retenait que le salaire de son travail, il serait moins attentif à la culture de sa terre que lorsque son gain dépend du produit qu’il en tire.

Il y a cependant une différence essentielle entre l’emprunt d’un capital et la prise à ferme d’une terre. Celui qui emprunte un capital, pour le faire valoir dans le commerce ou dans les fabriques, n’a besoin de rien de plus pour pouvoir suivre le plan qu’il s’est tracé ; au lieu que le fermier qui emprunte la terre ne peut en entreprendre la culture sans le secours d’un autre capital qu’il faut qu’il emprunte s’il ne le possède pas.

CAROLINE.

Il y a encore une autre différence. Le propriétaire foncier et le fermier ne partagent pas entr’eux également les profits provenant de la culture de la terre, comme vous dites que font d’ordinaire le prêteur et l’emprunteur du capital ; car le fermier fait de plus grands profits par l’usage qu’il a de la terre que le propriétaire n’en fait par la rente.

MADAME B.

Il y a plusieurs raisons de cette différence. En premier lieu, souvenez-vous que les profits du capital varient selon le risque auquel il est exposé ; puis, considérez que le revenu provenant de la rente de la terre est beaucoup plus sûr qu’aucun autre. En effet, si le fermier se ruine, il ne peut pas s’enfuir avec la terre : il peut être contraint de quitter sa ferme ; mais en ce cas, son fonds de ferme peut être saisi pour payer la rente.

Un autre avantage considérable attaché à la propriété foncière est, qu’à proportion des progrès de l’agriculture, le produit de la terre croît ; c’est pour le fermier une augmentation de profits, qui permet au propriétaire de hausser sa rente. Enfin il faut nous rappeler les observations que nous avons faites sur l’origine de la rente, desquelles il résulte, qu’à mesure que l’agriculture s’étend, et que l’on met en culture les terres nouvelles et de moindre qualité, la rente de la terre hausse.

Si vous pesez tous ces avantages, vous cesserez de vous étonner qu’un propriétaire foncier se contente de faire trois ou quatre pour