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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.


CONVERSATION XVII.


SUR LA MONNAIE, Suite.

De la dépréciation de l’or et de l’argent. — De l’altération et de la dépréciation de la monnaie frappée. — Des banques. — Du papier-monnaie. — Effet du papier-monnaie, lorsqu’il n’est pas payable en espèces sur demande. — Du rapport de la monnaie courante aux marchandises qu’elle doit faire circuler.
CAROLINE.

J’ai beaucoup réfléchi sur le sujet de notre dernier entretien, madame B, et j’ai cru voir qu’à la vérité, dans un pays particulier, la monnaie ne peut être, d’une manière permanente, ni en excès ni en défaut ; mais que, dans le monde en général, elle doit perdre graduellement de sa valeur. En effet la monnaie s’use très-peu ; on tire chaque année des mines une grande quantité de métaux précieux ; une partie considérable est convertie en vaisselle et en bijoux ; mais une partie encore plus grande, je pense, est frappée sous forme de monnaie. Cela ne peut manquer de produire une dépréciation ?

MADAME B.

Une augmentation dans la quantité ne peut causer une dépréciation dans la valeur, s’il y a un accroissement proportionnel de demande. Souvenons-nous que les produits consommables de la terre croissent tout comme ceux des mines ; les marchandises à faire circuler, tout comme le moyen de circulation. Ce n’est pas la quantité actuelle de monnaie, mais le rapport de cette quantité à celle des marchandises auxquelles elle sert de moyen d’échange, qui règle le prix de ces marchandises.

Supposons qu’un pain coûte un shelling ; si chaque année il y avait, en vertu des travaux de l’agriculture, 1 000 pains de plus de produit, et que, par le travail des mines, il y eût un nombre ad-