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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

portée ? Et n’y a-t-il pas eu une hausse générale des vivres et de toutes les marchandises à cette même époque ?

MADAME B.

Il est vrai, et c’est une question, sur laquelle on n’est point d’accord, de savoir, si ces circonstances étaient l’effet de la guerre et des taxes qu’elle nous imposait, ou d’une émission excessive de billets de banque. L’Angleterre était dans la nécessité de payer ses troupes sur le continent, et de payer des subsides à des princes étrangers ; cela seul, selon quelques personnes, suffit pour rendre compte de la disparition de nos espèces et a dû rendre nécessaire une émission additionnelle de billets de banque. Ces mêmes personnes attribuent la hausse dans le prix des vivres à la difficulté d’importer les produits agricoles étrangers, qui n’a pu manquer d’élever leur prix dans l’intérieur. Les marchandises étrangères d’ailleurs étaient devenues chères par leur rareté, et cela haussait le prix de celles qu’on leur substituait dans l’intérieur.

CAROLINE.

Mais je me souviens que les marchandises de manufacture anglaise, loin de hausser de prix pendant la dernière guerre se vendaient à meilleur marché. Or si la monnaie courante avait été dépréciée, il aurait dû en résulter une hausse dans le prix de toutes les marchandises. Je commence donc à croire que la banque pourrait bien n’avoir pas émis plus de billets que la demande ne l’exigeait.


MADAME B.

La hausse produite par une dépréciation de la monnaie est générale, mais non universelle ; d’autres circonstances peuvent non-seulement contrebalancer l’effet de cette dépréciation par rapport à certaines marchandises particulières, mais en faire même baisser le prix. Vous vous rappelez qu’il y a d’autres causes qui influent sur le prix des marchandises.

CAROLINE.

Oui, le rapport de l’offre ou de l’approvisionnement à la demande ; mais nous venons justement d’observer, que, pendant la guerre, l’approvisionnement a éprouvé un déficit ; cela a dû accroître, et non contrebalancer, l’effet de la dépréciation de la