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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

vaillent est un capital fixe, comme celle des instruments d’agriculture. Ainsi les chevaux qui mènent la charrue sont, comme la charrue même, un capital fixe. Mais les moutons et les bœufs destinés à la vente sont un capital circulant.

CAROLINE.

Si la charrue était tirée par des bœufs, madame B., comment rangeriez-vous cela ? Quand ils travaillent pour le fermier ils sont un capital fixe ; mais quand ils sont menés à la boucherie, ils deviennent un capital circulant.

MADAME B.

Ils appartiennent alternativement à ces deux classes ; parce que le fermier trouve son profit d’abord à les garder, ensuite à les vendre.

CAROLINE.

Je ne comprends pas pourquoi vous appelez circulant le capital qui s’applique à l’entretien des hommes qui travaillent, tandis que l’entretien des bêtes qui travaillent est un capital fixe. Ces deux choses me semblent tout à fait pareilles.

MADAME B.

Elles le sont en effet. L’entretien du bétail aussi bien que celui des ouvriers, est un capital circulant ; ce qui va à cet entretien est consommé et reproduit avec bénéfice ; c’est donc en s’en dessaisissant que l’on en retire du profit. Mais la valeur du bétail même est un capital fixe ; si au lieu de louer des ouvriers, on les achetait, comme on achète le bétail, devenant ainsi la propriété de celui qui les emploie, ils seraient aussi un capital fixe.

CAROLINE.

Tels sont sans doute les pauvres esclaves africains aux Indes occidentales.

MADAME B.

Oui, et tels sont en général tous les esclaves. Les paysans même de Russie et de Pologne sont envisagés généralement comme un capital fixe, parce que le vasselage auquel ils sont soumis est une espèce d’esclavage, vu que le propriétaire de la terre a droit à leur travail sans aucune rétribution, et la valeur d’une terre en Russie