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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

MADAME B.

C’est en cela précisément qu’ils trouvent un avantage. Ils disent que, puisque les pauvres vivent de leur travail, plus nous travaillons pour les autres pays, plus aussi nous recevons d’argent pour nos ouvrages, et par conséquent plus nous sommes riches.

CAROLINE.

Non certes, si nous exportons les fruits du travail de nos ouvriers pour ne recevoir en retour que de l’or. Car ce n’est pas de leur travail, mais du produit de leur travail, que les pauvres vivent ; si tout ce produit était exporté et qu’en échange on ne reçût que de l’or, notre situation ne ressemblerait pas mal à celle du roi Midas, qui mourut de faim parce que, sous sa main, tout se changeait en or.

Mais les marchands ne préviennent-ils pas cette importation de l’or, en transportant les lettres de change d’un pays à l’autre ? Car si la balance du commerce nous est favorable avec un pays, elle doit nous être défavorable avec un autre.

MADAME B.

Vous avez raison. S’il était possible que nous eussions ce que l’on appelle une balance de commerce favorable avec tous les pays, nous accumulerions une quantité de métaux précieux qui n’aurait d’autre effet que de déprécier notre monnaie.

Le commerce le plus avantageux pour les deux parties intéressées est celui dans lequel les exportations et importations se compensent, de manière que la balance ne penche ni d’un côté ni de l’autre, car il est également nuisible à un pays de se défaire de la monnaie dont il a besoin dans l’intérieur, qu’à l’autre d’en recevoir quand il n’en manque pas.

Quand un pays reçoit des lingots, ce n’est pas en paiement d’un solde de dette, c’est une marchandise demandée. Une telle demande doit toujours avoir lieu dans les pays qui avancent vers la richesse, non-seulement parce que les lingots d’or et d’argent sont nécessaires aux joailliers et aux orfèvres pour divers objets de luxe ; mais parce que le produit vénal du pays croît, et qu’il faut de la monnaie additionnelle pour en opérer la circulation.

CAROLINE.

D’après cette fausse théorie de la balance du commerce, la ba-