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NOS TRAVERS

des années, je vois clairement tout le bien qu’ils peuvent faire en s’associant avec leurs jeunes sœurs pour entreprendre quelque travail, quelque étude de nature à développer l’intelligence de celles-ci.

En les détachant doucement de leurs préoccupations souvent frivoles, en leur inculquant le goût des choses élevées, ils accomplissent une bonne œuvre.

Ils préparent pour quelques-uns de leurs semblables des femmes intelligentes qui seront par le fait d’excellentes mères.

Le prochain peut-être leur revaudra ce bon office, et usera envers ces bienfaiteurs de leur sexe, d’agréables représailles.

Le bien qu’ils auront fait à leurs beaux-frères, la Providence sûrement pourvoira à ce qu’il leur soit rendu au centuple.

Les courtes années pendant lesquelles des enfants, unis par le lien fraternel, vivent sous un toit commun avant de se disperser pour suivre chacun sa voie, peuvent être profitablement utilisées en vue de l’avenir. La sage Providence évidemment a voulu qu’elles servissent de creuset ou de laminoir d’où les individus destinés à vivre en société sortiraient, polis, assouplis, corrigés.

Une habitude funeste que la mère prévoyante combat énergiquement dans le petit groupe qu’elle dirige c’est le relâchement dans les manières et la tenue.

L’égoïsme naturel de l’homme se trahit dans cette tendance à rejeter au milieu des siens toute contrainte, et à prendre ses aises au détriment de ceux qu’il ne croit pas utile de ménager, auprès desquels il sent moins la nécessité de plaire et de se faire valoir.

À qui pourtant la charité aussi bien que l’intérêt commandent-ils de se rendre agréable, si ce n’est aux personnes de son entourage, à celles de qui dépendent après tout la sérénité de notre atmosphère et la tranquillité de notre vie ?