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LA VIE DE MÉNAGE

négligé de préparer leurs forces et leur volonté à affronter courageusement le prosaïsme de la vie et qu’elles voient dans leur avenir une espèce de conte de fée où minuit ne sonne jamais pour l’heureuse Cendrillon.

Il ne faut pas compter uniquement sur la bonté et la tendresse d’un époux pour la paix du ménage. Une femme n’est heureuse que si elle achète son bonheur par de constants efforts, que si elle le sait mériter par sa correspondance aux bons sentiments qu’on lui témoigne.

En un mot, pour assurer l’harmonie qu’on rêve de voir régner dans son ménage, il faut moins se préoccuper de ce qui nous est dû que de ce que nous avons à faire nous-mêmes.

C’est l’oubli de cette règle charitable qui est la cause des malentendus si fréquents au début de la vie conjugale. La nouvelle épouse, sous prétexte de ne pas laisser « prendre de mauvais plis à son mari », épie ses paroles, le ton dont il les dit, jusqu’à ses moindres gestes, et prétend corriger par des bouderies enfantines ce qui lui déplaît dans sa manière d’agir. Maintenant, pour peu que celui-ci s’alarme de la tournure que semblent prendre les habitudes de sa chère moitié et qu’il se mette aussi sur la défensive, le jeune couple jouira de la lune de miel la plus nuageuse jusqu’à ce qu’un bon jour, cédant aux instances de leur affection, les nouveaux mariés se décident à déposer les armes pour s’évertuer à se plaire tout bonnement l’un à l’autre.

La dignité qui sait garder une mesure dans la démonstration du dévouement est louable du moment qu’elle n’est pas exagérée et qu’elle ne donne pas aux rapports matrimoniaux un caractère égoïste.

Pour être plus pratique, nous passerons des idées générales à des faits particuliers, et nous indiquerons la cause la plus commune du désordre et de la ruine de tant de familles.

La notion ou plutôt l’entente de l’économie fait défaut non seulement à la femme canadienne, mais à notre