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NOS TRAVERS

la période de leurs études, sont maintenant initiées aux « sports » athlétiques et d’agréments. Le malheur est qu’on ne poursuive pas plus loin ce salutaire entraînement. De même qu’elles ferment irrévocablement leurs livres, du jour où elles quittent le couvent, la plupart de nos mondaines abandonnent tout exercice physique pour tomber dans cet engourdissement, général que nous avons déploré plus d’une fois. Cette double oisiveté conduit dans bien des cas, à une sorte d’anémie à la fois physique et morale qui les laisse défaillantes, affolées devant le danger ou dans les situations critiques exigeant du sang-froid et de la force de caractère. On ne trouve pas à toutes les portes de vaillantes canadiennes comme celle qui, il y a quelques années, accomplit — on se le rappelle peut-être — deux fameux exploits. La fille énergique dont je veux parler sauva une fois la vie à son père qui allait se noyer, et dans une autre circonstance délivra un enfant, enlevé par un aigle en visant d’une main ferme et tuant raide l’oiseau ravisseur.

Par le fait de la couardise de névropathes élevées dans la mollesse et l’inertie, de précieuses vies ont été souvent perdues qu’une initiative courageuse et de la présence d’esprit auraient pu conserver.

Notre peuple endormi depuis de longues années dans la banalité d’une existence historiquement obscure, a besoin d’un stimulant pour réveiller en lui le sentiment chevaleresque qui se meurt et fouetter son sang gaulois en train de se figer.

Les patriotes qui sont à la tête de l’Académie Nationale, en laquelle nous fondons tant d’espérances, trouveront matière à exercer leur zèle à cet égard. Déjà les cours d’histoire populaire qu’ils y donnent, les drames héroïques dans les spectacles offerts comme divertissements, tendent à faire renaître chez le citoyen français du Canada le culte passionné de l’honneur ainsi que cette fière et joyeuse vaillance, qualité essentielle de la race française.