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M. JULES SIMON ET LA FEMME MODERNE

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Un siècle a les femmes qu’il mérite. On a assez souvent ressassé ce paradoxe qui donne à la force ou à l’influence des événements une part de responsabilité trop grande.

Les femmes — elles l’ont plus d’une fois prouvé dans l’histoire — ne sont pas autant les jouets des circonstances que cet axiome veut le faire croire.

Elles ont, au contraire, assez de force morale pour réagir contre elles, pour les dominer si la nécessité s’en fait sentir, et devenir ainsi la cause d’un ordre de choses au lieu d’en être l’effet.

Qu’on médise donc de la femme si l’on veut — elle tolère d’assez bonne grâce ce petit schisme inoffensif chez ses adorateurs — mais qu’on ne lui enlève pas son libre arbitre, pour la représenter comme un instrument inconscient, une sorte de fléau servant à punir les siècles qui ne sont pas sages.

Si M. Jules Simon croit à l’infaillibilité de cet apophtegme impie il doit tenir en médiocre estime le xixe siècle dont la femme ne répond pas à son idéal.

Nous comparant à nos grand’mères, il dit :

« Nos aïeules, poussaient la prudence jusqu’à la pruderie, et nos contemporaines poussent la bravoure jusqu’à la témérité…

« Elles exerçaient alors par leur sévérité une influence qu’elles ont un peu perdue par leurs concessions, et c’est, peut-être nous, plus qu’elles-mêmes, qui avons à le déplorer. »

Cette alarme n’est pas vaine. Rien de bon ne saurait