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LE SOIN DES MALADES

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Un médecin d’expérience nous suggère de donner quelques conseils sur ce sujet important. Un grand obstacle au rétablissement de leurs patients serait, au dire d’un grand nombre de praticiens, les visites intempestives et prolongées, les friandises, les douceurs et aussi les conseils apportés par des amies trop zélées.

C’est un grand manque de tact que d’enlever à un malade la confiance qu’il a en celui qui a entrepris sa guérison. Il est des officieuses, qui, pour faire montre d’un intérêt compatissant, se livrent à une véritable enquête. Une fois informées de ce qui a été prescrit, elles critiquent approuvent ou condamnent avec assurance.

— « Quoi ! on vous ordonne telle chose. Ah bien, voilà qui est singulier ! En pareil cas, le docteur X faisait prendre ceci ou cela à ma cousine Z, qui s’en est admirablement bien trouvée. » Elles ont comme cela un tas d’exemples victorieux dans leur sac. Tandis qu’elles racontent avec des râlements ou des étouffements imitatifs ou avec des peintures sanglantes et cruellement détaillées les guérisons miraculeuses obtenues par des traitements différents de celui que subit l’amie souffrante, celle-ci a la chance, tout en acquérant la certitude qu’elle est mal soignée, de gagner à cet étourdissant verbiage une syncope ou une crise de nerfs.

Quand le médecin autorise une convalescente à recevoir ses amies, c’est à celles-ci à prendre garde de ne pas changer la distraction salutaire — résultat attendu de leur visite — en une fatigue. C’est différer beaucoup trop son départ que d’attendre pour prendre congé des