Page:Marchand - Nos travers, 1901.djvu/27

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tes d’un nectar onctueux qui n’avançait guère les affaires, mais qu’importe !

Vos grand’mères, de bonne heure, revêtaient leurs atours.

Toute la journée, les piétinements des visiteurs, secouant la neige de leurs chaussures dans le tambour sonore, les souhaits, les hommages sans cesse renouvelés étaient à leurs oreilles comme le concert prolongé d’une fête de l’amitié. Ces civilités à nos dames, c’étaient la gracieuse redevance de féaux sujets aux reines de la société. C’était une fonction de sociabilité qui, malgré sa frivolité apparente, avait sa poésie et, surtout, son importance morale.

Dame ! les cousines n’étaient pas toutes éloignées, ni toujours jolies ; mais, c’est égal ! La belle humeur ambiante inspirait des indulgences plénières.

D’ailleurs, en cette circonstance solennelle, on avait des vues plus hautes. On agissait en vertu d’un principe : l’acquittement des devoirs de l’homme envers le Beau Sexe. À nos yeux attendris, les exceptions désavantageuses rendaient la règle plus chère.

Ah, le bon temps où la société était, comme elle doit l’être, la réunion des deux éléments qui la constituent. Oui, le beau temps, où les femmes savaient retenir des compagnons qui ne songeaient point à les déserter !…

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C’est ainsi que j’entendis un jour l’une des têtes les plus sévèrement épilées par les ans, terminer par ce soupir la narration de ses regrets.

Une jolie blonde parmi la compagnie qui l’avait écoutée, se récria :

— « Par exemple ! quelle bizarre conclusion. Ce seraient donc nous, les seules responsables du divorce qui sévit depuis quelques années dans notre société ? »