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FAUX DÉVOUEMENT

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Peut-il arriver qu’on soit trop bon ? Est-il prudent de blâmer l’excès d’une qualité ? Vaut-il mieux subir les conséquences de cet excès que de risquer de jeter les gens sur la piste opposée en les éclairant sur leur trop grande bonté ?

Je crois, moi, qu’il ne faut pas être « trop » bon. Ne savons-nous pas que les épouses servilement dévouées font les maris tyranniques et égoïstes — c’est-à-dire mécontents ? De même les pères et les mères d’une complaisance outrée rendent leurs enfants exigeants, paresseux — c’est-à-dire ingrats et malheureux.

Que la jeune fille qui se marie ne se méprenne pas sur le sens des mots « soumission » ou « dévouement » conjugal. Son devoir ne consiste pas en une aveugle et stupide obéissance non plus qu’à s’abaisser inutilement devant son mari. Qu’elle sache sauvegarder sa dignité et retenir le respect qui lui est dû.

Sans doute l’homme représente l’autorité et l’épouse est heureuse de reconnaître ses obligations morales envers le détenteur de cette autorité quand il se montre digne de sa confiance.

S’il est le maître, cependant, qu’elle n’oublie pas quelle est la reine de la maison et que certains égards lui sont dus. Dans un ménage bien assorti, la femme est l’égale de son conjoint. Comme lui, elle a des droits qui ne sauraient être méconnus ni sacrifiés dans l’intérêt même de la dignité du foyer et du bonheur commun.