Page:Marchant de Beaumont - Manuel et itinéraire du curieux dans le cimetière du Père la Chaise.djvu/104

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réclamations, projets de réformation, formant ses œuvres en cinq volumes in-8o, le Chapelet d’une petite partie du milliard d’attentats et d’horreurs qui se commettent impunément depuis plus de douze ans contre J.-B. Selves, par vengeance contre ses ouvrages sur l’administration de la justice. Ses proches, chagrins de voir sa fortune se consumer en procès, ne lui laissant aucun repos, tandis qu’il tourmentait sans pitié quiconque était assez malheureux pour avoir avec lui la plus légère relation d’affaires, tentèrent de le faire interdire ; mais il lui suffit de plaider lui-même sa cause, pour prouver sans réplique qu’il possédait parfaitement l’intégrité de ses facultés morales : il fut établi par jugement solennel que J. B. Selves, malgré sa manie processive, n’avait point perdu l’usage de la raison. Ce fléau des juges, des avoués, des huissiers, des notaires, enfin de toute la gente portant robe de palais, et puis encore de tous, ceux que son humeur lui plaisait de prendre pour adversaires, cessa de vivre le 16 juillet 1823, mais en laissant encore à juger après son trépas une plainte qu’il avait rendue peu de jours avant de mourir contre son secrétaire, sans doute afin qu’il subsistât au moins quelque trace au Palais de sa passion pour les procès, dont ses proches l’ont puni en ne lui faisant ériger aucun monument