Page:Marchant de Beaumont - Manuel et itinéraire du curieux dans le cimetière du Père la Chaise.djvu/120

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d’une haute vertu ! Je lis sur un monument érigé dans cette division, cette formule gothique : « Ici repose très-haute et très-puissante dame Emma Coghlan, duchesse de Castries, décédée le 9 décembre 1817. » En considérant les restes de cette dame, ensevelis dans la profondeur de la terre à laquelle va bientôt se mêler sa poussière, je m’étonne de ce que la vanité n’a pas craint de surcharger son tombeau de titres pareils. Une seule pensée me console, celle de présumer qu’en son vivant elle mérita de les posséder ; car son époux affirme qu’elle fut la félicité de son père, de sa mère, et véritablement épouse, sœur, mère excellente. Fuit patris et matris felicitas, uxor, mater, soror optima. Mais pourquoi ce témoignage honorable pour sa mémoire existe-t-il dans un idiome étranger ? Le Français n’aime pas à voir sa langue, parlée dans toute l’Europe, consacrée par des chefs-d’œuvre, dédaignée par ses compatriotes ; il supporte avec chagrin une inscription publique devenant pour la multitude une énigme insoluble.

Le curieux considère ensuite la partie supérieure de la quatrième division, dans laquelle sont pressés une multitude de tombeaux perpétuels et temporaires. Là tous les rangs, tous les âges, toutes les conditions ont également apporté leurs tributs en présentant aux sages